Un campus de formation en ligne ? Challenge accepted.
En novembre 2019, j’ai candidaté au T-Camp, une formation organisée par le Campus de la Transition. J’ai reçu la réponse quelques jours après noël. J’avais cette certitude qu’en avril 2020, je débuterai une fabuleuse expérience de presque 3 mois. Puis, quelques semaines après avoir été acceptée, le COVID-19 apparaissait à l’autre bout du monde. Cette formation qui devait m’aider à définir mon projet de vie semblait de plus en plus compromise.
Mais le 27 avril à 9h15, j’ai vu une quarantaine de vignettes s’afficher sur mon écran, “bon matin les t-campeurs”, l’aventure commençait !
Il y a trois semaines, nous ne nous connaissions pas. Il y a trois semaines, nous étions chacun de nos côtés, souvent paumés. Il était déjà difficile d’expliquer ce qu’est le T-Camp mais cette promo l’est encore plus, laissez-moi essayer :
Qu’est-ce que le T-Camp ?
C’est une formation sur les sujets de la transition sociale et écologique. A la différence des formations classiques, nous devions vivre ensemble pendant 2 mois au château du Campus de la Transition à Forges. Ethique, philosophie, gestion des communs, gouvernance partagée, permaculture et low-tech était au programme. Mais pour beaucoup, c’était avant tout une expérience et une aventure humaine.
Avec le confinement, nous avons commencé en ligne avec la promesse de se voir dans 3 semaines, le 18 mai 2020. C’était pas évident de trouver la motivation de rester en ligne avec 40 inconnus pendant 2 semaines mais nous l’avons fait et c’était beau. Remerçions tout de même Zoom pour la visio, Discord pour communiquer, Google Doc et le Wiki pour les notes partagées, sans quoi rien n’aurait été possible.
Le jeudi de la deuxième semaine, le 7 mai 2020, Edouard Philippe annonce les conditions du déconfinement. Nous savions déjà que nous marchions sur des oeufs en tentant de se retrouver au château mais nous voulions y croire. Puis, après de longues discussions, le 12 mai 2020, nous apprenons que le CA du Campus de la Transition annule la formation pour respecter les mesures énoncées par le gouvernement. Très vite nous devions revenir à une vie normale, la chute a été rude pour certains mais soudain une voix s’est levée : “Le T-Camp 2020 EST et sera, à nous de le réinventer”.
Les échanges et le partage 2.0
Nous avons passé plusieurs heures sur Zoom à écouter des intervenants passionnants, à faire des sous-groupes pour nourrir les débats et à se réunir pour partager nos réflexions. J’étais sceptique à l’idée de suivre une formation en ligne mais paradoxalement, c’est l’une des plus interactives que j’ai vécu. Le tchat nous permettait d’enrichir les interventions en live, sans déranger l’intervenant ni les autres, tout le monde y trouvait son compte !
Plusieurs fois, je suis restée connectée avec eux jusqu’à pas d’heures pour refaire le monde. Cette connexion est virtuelle — pour le moment — mais unique de part le contexte dans lequel elle s’est créé, de part les personnes qui en font partie et de part les aspirations qui nous réunissent.
Le t-camp, c’est des échanges mais aussi des partages : des poèmes, des raps, des dessins, des peintures, des compositions musicales originales et même des recettes de cuisine pour faire un bon gratin de t-campeurs ! Chacun apporte sa contribution en fonction de ses aspirations, de ses envies. Personne ne les obligent à le faire mais naturellement, ça se fait.
L’importance du cadre :
- Bienveillance
- Souveraineté individuelle
- Confidentialité
On dirait le cadre bullshit posé en réunion d’équipe, non ? Finalement, ce cadre n’a été donné qu’une seule fois et pourtant il a infusé dans tous nos échanges, naturellement. Je me demande si ça se serait passé pareil si nous n’avions pas eu ce petit cadrage de 30 secondes.
Le groupe s’en est emparé inconsciemment, nous nous sommes livrés parfois individuellement, en petit ou en grand groupe. Joie, tristesse, colère, désaccord, tout avait sa place, tout était accueilli et la force du collectif permettait à chacun d‘avancer.
Bilan de la 1ère semaine en soleil.
Cela va faire une semaine que la formation est annulée, d’autres projets se dessinent à l’horizon avec ces joyeux humains… j’ai hâte !